MOUAHAHAHA (comment ça titre non valide?)

En cette merveilleuse après-midi ensolleillée (mais toutes les après midi étaient merveilleuses du point de vue des frères Darc), Esteban avait EXCEPTIONELLEMENT abandonné son jumeau pour s’adonner à quelques petites expériences dans la salle à cet effectif. Pour tout dire, Seraph dormait en ce moment même, sinon Steb ne l’aurait jamais laissé seul.

Pour le coup, le psychopathe s’était paré d’une jolie blouse blanche, qui conviendrait tout aussi bien à un chimiste qu’un médecin, et d’un masque chirurgicale pour éviter que des odeurs nauséabondes n’investissent son sensible nez.
Et c’est ainsi équipé qu’il commença donc ses activités de l’après-midi. Au programme du jour : dissection des mammifères, et plus précisément de l’humain.
Le cobbaye du jour -qui portait le magnifique prénom de Jeremy Quelquechose- avait été solidement attaché par des sangles afin qu’il ne tressaute ni ne s’echape durant l’opération. S’échapper ? Eh oui, car l’ami sur la table d’opération était bel et bien vivant…
Scalpel dans une main, pince à épiler dans l’autre, Steb s’approcha d elui avec un air tout sauf rassurant, et commença à cisailler la peau de la victime, et ce malgré les cris déchirant qui s’échapper de sa gorge.

Au bout d’une bonne demie-heure, Steb avait réussi à bien engager les nerfs de la victime, qui était d’ailleurs toujours vivante. Il faut dire que pour l’instant le grand Manitou ne lui avait ouvert que les deux jambes, lui laissant la chaire à vif, les nerfs cisaillés et étalés un peu partout. Ses gants en plastique était tâchés de sang ainsi que ses outils.
Alors qu’il se débarrassait de tout ceci, le patient se tortillait sur la table de douleur pour se libérer, criant et gémissement à en faire pleurer les poignets de porte. Mais Esteban n’étant pas une poignée de porte….il se contenta d’un regard mauvais et d’un « chuuuuut » agacé.

« On ne fait pas de bruit, on est dans un hôpital ici »

Rouspéta-t-il en agitant un doigt moralisateur sous le nez de Jeremy. Voyant que celui-ci continuait à gémir, il attrapa des bandes de papiers destinées au nettoiement des outils de travail, les roula en boule, et les glissa dans la bouche grande ouverte du garçon pour le faire taire.

« Voilà qui est mieux »

Grommela-t-il.
Il ôta ensuite sa blouse et son masque, qu’il rangea soigneusement dans un placard sur le côté, et parti s’asseoir prêt du petit bureau où traînait un dossier ouvert.
Il jeta un dernier regard à Jeremy, qu continuait de se tordre, les yeux exorbités avant de se plonger dans la paperasse. Dans un peu moins de 5 minutes, son espion devrait le rejoindre pour lui faire un rapport. Et il voulait justement s’entretenir avec lui au sujet d’une…nouvelle mission. Il avait de nombreuses questions à lui poser et une idée à mettre en œuvre. Cette idée concernait tout naturellement la personne de ce dossier. Sur la couverture de la pochette rouge, figurait le nom d’Elyzabeth Juvrenson.LE chef des Calypsistes, tout naturellement. Et à côté de cette pochette, se trouvait un petit flacon contenant un liquide verdâtre. Encore une brillante invention des frères Darc sans nulle doute. Et Lena - c’était le nom de l’espion- allait rapidement comprendre de quoi retournait cette fameuse mission…

L’après midi était déjà bien avancé quand Lena quitta finalement sa petite chambre, pour se rendre à un rendez-vous des plus enchantant. Cette fois-ci, il ne devait pas voir les deux frères, seulement l’un d’entre eux, Esteban, pour lui faire un rapport sur ses observations de la semaine. Evidemment, ca n’était pas un hasard si le rendez-vous avait été donné dans la salle de tortur... d’expériences. L’espion soupçonnait d’ailleurs le chef de cette folle entreprise de le faire venir justement dans cette salle pour lui montrer ce qu’il lui arriverait, si jamais l’envie de changer d’emploi lui passait par l’esprit.
En effet, il n’était pas rare de trouver encore un corps ou deux gisants, froids, inertes, dans la salle, n’ayant pas encore eu le privilège d’avoir pu regagner la chambre froide. Les expérimentations sur la race humaine n’étaient pas rares ici, bien au contraire.
Enfin, après avoir parcouru le long couloir menant à la cage d’escaliers, Lena dévala les quelques marches, le menant au second étage. C’était le plus déserté, et lorsqu’une personne autre que les deux frères s’y rendait, c’était généralement mauvais, très mauvais signe pour elle. En l’occurrence, l’espion devait être l’un des seuls à y être déjà passé plus d’une fois. Pourtant, en cette belle après midi, le silence ne régnait pas réellement sur l’étage. Alors que Lena venait de descendre la dernière marche, un horrible cri de douleur se fit entendre. Suivi de marmonnements, d’une voix ressemblant à celle de son employeur...
Et enfin, le silence, à nouveau. L’hurleur avait sans doute quitté l’hôpital, et sa vie par la même occasion, à l’instant ou le bruit s’était interrompu. A cette pensée, un frisson parcourut le corps entier de Lena. Ce sort, que bien d’autres avaient connu, serait surement le sien également, d’ici peu. La vie, au crépusculaire, tenait réellement à un fil, les frères en disposant comme ils le souhaitaient. C’était d’ailleurs dans cet endroit morbide que la plupart des patients s’étaient rendus compte de la valeur de leur vie, de leur accrochement. Lena ne faisait pas exception à la règle, et à présent, plus que jamais, il désirait s’accrocher à la vie, et ressortir vivant de cet hôpital, puisqu’il était certain qu’un jour, l’hôpital serait libéré. Mais resterait-il encore des patients, pour savourer la victoire ?
Les pas de Lena le menèrent finalement à la salle d’expériences, ou ce qu’il vit lui arracha un petit cri étouffé. L’homme qu’il avait entendu crier juste avant n’était pas mort, mais baignait dans son sang, les jambes ouvertes au sens propre du terme. Lorsque l’espion entra dans la salle, la victime gémit, lançant à Lena un regard suppliant, les yeux déjà rougis par les larmes. L’espion en question, quand à lui, resta figé un bon moment par la vue affreuse qui se présentait à lui. Ce Jeremy en question, qu’il ne connaissait pas, venait d’être ouvert, vivant, apparemment sans aucune anesthésie.
Mais avec difficulté, le Russe détourna finalement le regard pour le poser sur Steb, qui, lui, de son coté, s’attardait tranquillement sur sa paperasse, sans prêter aucune attention au pauvre homme en train d’agoniser sur sa table d’opération.

« Excusez-moi, je suis un petit peu en retard »

Commença Lena, d’une voix calme, masquant toute nervosité, sans pouvoir ôter de son esprit la vue de ce jeune homme, juste derrière lui, charcuté vivant.

« Vous désiriez ? »

Demanda-t-il finalement, prêt à connaître les nouvelles réjouissances du jour, avant que ses yeux ne se posent sur le dossier que tenait Esteban, sur lequel figurait très clairement le nom du chef des Calypsistes. Les frères ne s’étaient pas encore réellement attaqués à lui, et intérieurement, Lena pria pour que le nom sur le dossier soit une erreur. Lysie était, pour tout l’hôpital –du moins ce qui avaient conscience de la situation-, un symbole, et plus encore, le leader du mouvement de révolte. Et pour Lena, c’était l’une des personnes avec laquelle il s’entendait le mieux, et celui qui savait le mieux lui remonter le moral, chose bel et bien nécessaire par ici.

Et comme il s’y attendait, ce qui devait arriver arriva. En l’occurrence, QUI devait arriver arriva. Et l’espion n’avait, fort heureusement pour sa vie, pas commis l’ENORME erreur de se pointer avec du retard. Non non, tout pile dans les temps.
Esteban releva la tête de son passionant dossier en entendant la porte s’ouvrir. Il eut un sourire amusé en entendant le cri étouffé de Lena, ainsi que son regard qui s’attardait sans doute un peu trop sur ce pauvre et futur-feu Jeremy.
Steb lui l’observait d’un air dédaigneux, comme on observerait un cafard à l’agonie qu’on vient tout juste d’écraser pour tout dire…

« Ne fais pas attention à Jeremy »

Commenta-t-il en agitant la main dans le vide, histoire de bien montrer ô combien cet énergumène sur le seuil de la mort était insignifiant.
Il jeta un dernier regard sévère au garçon qui semblait supplier du regard notre bon et gentil espion, avant de ramener toute son attention à son employé.

« En retard dis-tu ? »

Marmonna Steb, jetant un œil à la montre qui trônait sur l’un des murs de la pièce.

« Non, tout pile à l’heure »

Continua-t-il, un sourire de satisfaction collé au visage. Steb aimait que les choses soient bien faites. Pas à demi, mais entièrement, et pas bâclées, mais proprement. A l’exception de ses dissections, elles, elles n’étaient jamais faites proprement… Mais ça, c’était encore une affaire à part.

Steb retourna pres du bureau, attrapa le dossier où trônait bel et bien le prénom de Lysie, avant de le redresser et de le tapoter sur la table pour qu’aucune feuille ne dépasse et ne se perde.
Ceci faisant, il braqua son unique œil valide sur Lena, avant de lui parler.

« J’ai ouï dire que tu étais bien souvent avec ce… »

Il marqua une pause, leva les yeux au ciel, laissant son index tournoyer dans le vide, signe qu’il était encore en proie à quelques trous de mémoire.

« Elyzabeth….c’est bien cela ? Le chef des résistants… »

Eh oui, le grand manitou était le genre de personne à faire espionner ses espions. Voir même à faire espionner les gens qui espionnent les espions par les espions eux-même. Bref, tout contrôler tout surveiller. Un peu comme dans les régimes dictatoriaux -mais n’était-ce pas cela après tout ?
Oh bien sur, il n’était pas allé jusqu’à ENGAGER un espion pour surveiller Lena. Non non, c’était le face personnel qui lui faisait des comptes rendus réguliers de tout ce qu‘ils voyaient…Mais ça, Lena ne devait pas être sans le savoir.

Attendant donc la réponse de l’espion en face de lui, il ne cligna pas une seule fois des yeux. Son seul œil capable de voir fixait le jeune russe comme pour lire à travers lui, ce qu’il était d’ailleurs bien incapable de faire étant donné le self control de Lena… Mais soit, son regard avait tout de même le don de mettre les gens mal à l’aise. En fait, pour tout dire, steban tout entier mettait mal à l’aise…
Reposant ce fameux dossier sur la table, il porta sa moins droite à son œil en verre, qu’il n’avait même pas pris la peine de recouvrir d’un cache-œil. Puis, toujours en attente de cette réponse, il commença à faire tourner la boule de cristal dans son orbite, ignorant la douleur que cela provoquait.

A peine était-t-il arrivé que Steb lui avait dit de ne pas prêter attention à Jeremy... Ce à quoi Lena répondit par un petit sourire, un petit peu gêné, avant de changer le sujet de conversation. Ne pas y prêter attention... ben oui, rien de plus simple que de ne pas faire attention à un pauvre garçon mourant qui vous lance des regards suppliants, après tout. Mais heureusement Super-Lena [non, pas à la rescousse des innocents], savait garder son sang froid, et ne laissa presque rien transparaitre de sa compassion pour ce jeune homme, et de sa peur de passer sur cette horrible table d’ici peu.

Lena avait donc essayé de changer le sujet de conversation, s’excusant d’un éventuel retard sans savoir s’il était en réalité à l’heure ou pas, mais Steb l’avait rapidement corrigé, en lui disant qu’il était tout pile à l’heure. Ce qui en fin de compte, rassura légèrement l’espion. Avec ce genre d’énergumènes, il valait mieux être à l’heure, exactement à l’heure, sans avance, ni retard. Etre irréprochable, c’était l’une des seules choses qui pouvait peut être le maintenir en vie... et encore. Certains étaient susceptibles de l’heure, d’autres non, mais les psychopathes ayant toujours les idées tordues...

Finalement, Lena ne répondit rien, et, sans bouger, regarda Steb retourner à son bureau pour se saisir d’un dossier, sur lequel figurait le nom du chef des Calypsistes. Evidemment, il fallait bien que quelque chose lui arrive, tôt ou tard. Les deux jumeaux l’avaient laissé trop longtemps en paix, cela semblait louche. Mais tuer Lysie reviendrait presque à tuer tout l’hôpital, ou du moins tous les Calypsistes, qui plaçaient leur espoir en lui. Enfin, Steb lui rapporta qu’il avait entendu qu’il était souvent avec Elisabeth. Effectivement, ces derniers temps, les deux adolescents s’étaient rapprochés, pour faire des projets pour Calypso, et simplement pour se soutenir, pour discuter, pour se changer les idées. Lena appréciait sa compagnie, même si savoir qu’il le « trompait » en permanence lui pesait. Il poussa un léger soupir, avant de prendre la parole, d’une voix calme et posée.

« Elisabeth Juvrenson ? »

Demanda-t-il, sans réellement prendre la peine d’attendre une réponse. Il marqua juste une légère pause, avant de reprendre.

« Oui, je suis souvent avec lui »

Fit-il avec un petit sourire.

« C’est à lui que je soutire la plupart des informations. »

Bon, en l’occurrence, ca n’était pas faux, même si Lena appréciait sa compagnie, et préférait passer simplement du temps avec lui que de lui soutirer des informations. Mais après tout, pour obtenir ces informations, justement, ne devait-il pas sympathiser avec l’homme en question ? Lena s’apprêta à reprendre la parole, fronçant légèrement les sourcils, avant de tomber face à face avec l’œil de Steb, qui le regardait fixement, fixement à faire peur. L’espion avait, pour une fois, l’impression qu’en une seconde, le chef de l’établissement pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert, alors que personne n’était jamais arrivé à connaître les pensées de Lena, ni ses sentiments. Mais cet homme, c’était différent... Pouvait-on encore l’appeler « homme » d’ailleurs ? Ses actes n’étaient pas humain [Quoi que si, puisque faits par un humain, donc ils sont humains, aaaah ce cher Sartre -_-], et son physique terrifiant. Comme pour conforter encore plus cette impression de monstre, Steb se mit à faire tourner son œil de verre, dans son orbite, comme on jouerait avec une baballe antistress. Si l’homme n’avait pas été abominable, l’espion aurait sans doute ressenti de la pitié pour lui, pour la douleur qu’il devait éprouver. Là, c’était presque de la satisfaction, même s’il se doutait que le fou devait apprécier cette douleur.

Steb fut amusé devant le self control de Lena. Il n’était pas espion pour rien après tout. Il était même certain qu’il pouvait mentir au détecteur de mensonge. Mais l’ennui voy-vous avec Esteban, c’est qu’il est un éternel paranoïaque. On peut avoir toute la bonne foie que l’on veut avec lui, si l’on ne s’appelle pas Seraph Darc, la valeur de votre parole ne sera jamais d’une fiabilité complète. Bien sur, il avait confiance en Lena… Une confiance toute relative. Disons qu’il lui rapportait des informations et qu’il exécutait ses missions -ça, Steb avait moyen de se le prouver. Du reste, il n’en savait rien… alors il se contentait de paranoïer. En même temps, etant donné l’instabilité psychologique de l’ami Esteban, il n’y avait pas grand monde pour vouloir le trahir. C’était un peu comme signer son arret de mort. Et quelle mort s’il vous plait. Être disséqué, vivant, sur une table d’opération, puis partir lentement dans une atroce souffrance. Non, peu de gens seraient prêt à trahir Steb. Ce qui ne l’empêchait pas par ailleurs de se méfier d’un rien…
Enfin bref, l’heure n’était pas aux inquiétudes mais plutôt au refilage de mission.
Il eut, tout naturellement, la réponse qu’il attendait -puisque sa question n’en était pas vraiment une. Sans doute cette fichue paranoïa qui le poussait à toujours chercher confirmation auprès des autres.

« Oui, un peu logique… »

Marmonna Steb en hochant la tête

« Alors il te fait assez….confiance je suppose? »

Oui, surement. Lena faisait partie des Calypsistes et restait apparemment souvent avec leur chef, il y avait donc de grandes chances pour que celui-ci lui fasse un minimum confiance. De toute façon, entre les Calypsistes devaient être le genre de personnes à prêcher l’entraide, la fraternité, la confiance mutuelle et tutti quanti. Steb voyait d’ici le tableau, et ce tableau l’insupportait. En fait, le fait même de faire quelque chose, en groupe où il ne participait pas l’irritait. Alors si en plus cette chose avait pour but de ruiner SES merveilleux plans, ça n’allait plus du tout. Les gens généralement parlant n’aiment pas qu’il se trame des choses dans leur dos. Les paranoïaques, eux, en deviennent fou. L’ennui avec Esteban, c’est qu’il était déjà trop fou pour le devenir plus. Alors à défaut, soit il s’énervait, et sa colère faisait vraiment peur à voir, soit il complotait à son tour. Au final, le résultat était toujours sensiblement le même : destruction de l’adversaire. Seul les moyens différaient -tout en restant atrocement sadiques, bien sur.

« Ca t’aidera surement fortement pour ta mission… »

Léger suspens… Beh oui, s’il disait tout de suite qu’elle était cette mission, ça n’était plus drôle. Vallait mieux laisser planer..ben le suspens. Oui, un psychopathe prend le temps de faire attention à ce genre de détail. Que voulez vous, quand il n’est pas occupé à torturer les patients et à les disséquer, il a pas mal de temps libre le pauvre petit Esteban…
En fait, avant cela, comme l’après midi s’annonçait d’un ennui mortel et que de toute façon Lena n’avait rien à faire -puisque assurément il avait réservé sa journée au cas ou doctoral es psychopathus le retiendrait toute la journée dans son bureau -ce qu’il avait déjà fait-- il allait un peu étaler ses pensées.

« Sais-tu pourquoi je n’ai pas tué directement toute cette bande de pseudo rebels ? »

Ben non, il ne le savait pas, évidemment… Personne ne sait ce que les psychopathes pensent vu que c’est justement l’une des caractéristiques du psychopathe de base. Sauf que bien sur, Esteban’nest pas un psychopathe de base, c’est un psychopathe évolué, c’est donc encore pire. Enfin bref, il marqua tout de même une pause, juste au cas où Lena voulait aposer le traditionnel « non », pour faire genre le monsieur il se tape pas un monologue mais bien un dialogue -genre.
Ce temps passé, et n’ayant même pas écouté si l’interlocuteur -qui jouait plus de rôle de magnéto là- avait prononcé ce fameux « non », il se décida tout de même à donner des explications -trop aimable à lui.

« Il faut dire que… vu le nombre qu’ils sont, si je les détruisais maintenant, il y aurait un gros vide à l’hôpital »

Expliqua-t-il, plongé dans ses pensées, comme s’il cherchait desesperement à se raccrocher à un raisonnement inexistant -un raisonnement de psychopathe quoi.

« Et on mettrait beaucoup trop de temps à remplir les vides en fait… »

Poursuivit-il en secouant la tête d’un air peiné, comme s’il s’agissait d’une catastrophe économique qui allait couler son entreprise -c’était un peu le cas.

« En d’autres termes, il ne resterait plus assez de gens sur qui expérimenter…ça serait ennuyeux, non? »

Cette fois-ci, il se tourna vers Lena, immobile, comme s’il attendait véritablement une confirmation. Comme si Lena allait trouver également cela facheux. En même temps, il n’était pas dans son intérêt de répondre « non ça ne l’est pas ». De un parce que si Esteban est un psychopathe instable il pourrait se ranger à son idée et POF, liquider le quart des patients de l’hôpital. De deux parce que si Esteban était un psychopathe stable, il n’allait pas, mais alors pas du tout apprécier qu’on ait un avis contraire au sien. Il ne demandait pas à ses patients d’avoir les mêmes idées que lui. Il leur demandait de fermer leur gueule et d’obtempérer. En gros, c’était une dictature au sein d’un hôpital, oui.
Enfin bref, jugeant le laps de temps suffisamment long pour que l’autre énergumène réponde -même si une fois de plus il n’avait pas écouté sa réponse puisque Esteban ne faisait pratiquement que s’écouter parler lorsqu’il ne posait pas de question claire, il reprit.

« Le seul qui m’ennuie c’Est-ce euh…Elyzabeth justement »

Murmura-t-il, l’air pensif. Une nouvelle fois, sa main remonta au niveau de son œil de verre. Elle tira légèrement dessus, comme s’il voulait le déloger de sa cavité -ce que personne ne souhaitait car le tableau serait alors loin d’être esthétique. Au lieu de cela, il continua de le faire tourner, et ce malgré la douleur fulgurante que cela déclenchait. Il tapota ensuite doucement dessus du bout de ses ongles, provoquant un petit tintement régulier. Son autre œil lui semblait perdu dans le vague ce qui indiquait que le psychopathus était encore parti dans ses passionnantes pensées.
Il en sortit finalement, tiré par un douleur un peu plus vive que les autres. A force de frotter cet œil en vers, la paupière interne commençait à s’irriter. Il grogna un inintelligible « aie » avant de reposer son unique œil valide sur son espion.

« C’est que vois-tu, il nous est venu pour une bête entorse. Entorse qui, comme tu t’en doutes, a guéri »

Expliqua-t-il en joignant ses longs doigts blancs, les entrelaçant.

« Ce qui fait que, mis à part via la nourriture, nous n’avons aucune control sur lui, aucun. »

Il s’arrêta un instant de bouger, fixant d’un air assez étrange Lena toujours debout devant lui.

« Et c’est très ennuyant… »

Il commença alors à marcher lentement ou plus précisément à tourner, trèèèès lentement, autour du jeune russe, comme un vautour autour de sa proie.

« Heureusement mon frère et moi avons mis au point une solution pour remédier à ce fameux non-control »

Sa main glissa doucement jusqua la poche de son pantalon blanc, dont il retira un tout petit flacon, rempli uniquement jusqu’à sa moitié, d’un liquide transparent qu’on ne pouvait identifier, même si l’on devinait qu’il ne s’agissait pas d’eau pure. Mais Esteban allait bientôt pallier à l’ignorance de Lena.

« vois-tu, ce flacon contient une puissante bactérie. Si l’on ingère ce liquide, la maladie se déclare sous peine de 12h environ… »

Maintenant, l’espion devait avoir une idée à peu près clair du plan des deux grands manitous tarés.

« La maladie n’est pas mortelle, bien sur. Mais le sujet, ici Elyzabeth, nécessitera des soins important afin que la maladie ne s’aggrave ni ne se propage »

Le visage du psychopathe se tordit alors jusqu’à former un horrible sourire, où l’on lisait cruauté et amusement mélangé.

« En somme, on pourra enfin agir de manière ciblée sur ce Elyzabeth via ses perfusions et médicament… »

Il eut un petit rire, que l’on qualifierait plus de ricanement de victoire. Ah il en était fier de son invention. Son frère et lui éprouvaient toujours une certaine fierté vis-à-vis de leur machine et mélange chimique. Et il y avait de quoi, car si ça n’était pas pour des fins terroristes, c’était des découvertes assez extraordinnaire. Seul problème, leurs buts n’avaient rien de très louables….
Son ricanement s’éteignit enfin, laissant place à nouveau à son visage de marbre. Il tendit alors son bras, raide, immobile, le flacon en main, vers Lena, lui ordonnant silencieusement de le prendre.

« Et ton rôle est de lui faire ingérer ceci. De la manière que tu veux, il suffit de le glisser dans son verre, mine de rien, le liquide ne fait aucune réaction et reste toujours incolore »

Précisa-t-il, attendant que son espion réceptionne C’était à se demander pourquoi il n’avait pas tout bêtement demandé aux barmans de s’en occuper. Mais en vérité…il avait ses propres raisons, qu’il ne pris pas la peine d’expliquer, car ça ne regardait en rien Lena. Après, si celui-ci voulait savoir, il n’avait qu’à demander, mais nulle doute que l’autre taré apprécierait moyennement que le russe essaie de se débarrasser de sa mission….