Chambre de Sydney et Tahoma

Après avoir déambulé dans l'hôpital, Sydney se décida donc à regagner la chambre qu’on lui avait attribué, et ce afin de trouver le sommeil. C’est que voyez vous monsieur Wigdillian vivait en décalé par rapport aux autres gens. Pourquoi ? Eh bien, très simple, parce que môssieur étant soit disant un vampire, il se devait donc de chasser ses victimes la nuit. Et pour être au mieux de sa forme à minuit, il lui fallait bien dormir avant : soit, le jour.

L’ombre sous sa longue cape noire se mit donc à parcourir la blancheur de l'hôpital à la recherche des dortoirs et de cette fameuse chambre. Il ne tarda pas à gagner le 3eme étage où s’étalaient toutes les chambres, et également la sienne.
Sa main enclencha donc la poignée de la porte, qui s’ouvrit en un long et sinistre grincement.
D’un pas, le finlandais pénétra dans la pièce, laissant la porte se refermer en claquant à sa suite. Il jugea l’endroit suffisamment sombre et à l’abri, malgré la couleur plutôt éclatante des murs, pour se permettre la folie d’ôter son capuchon, et d’un geste de main léger, repoussa donc le tissus, dévoilant finalement sa longue chevelure noire, et son visage à la peau blême. Une vraie caricature de vampire.

Il laissa enfin son regard métallique parcourir la chambre, l’étudiant d’un œil critique, sans qu’aucun détail ne lui échappe. Il nota tout de suite la présence des éléments par binôme, lui indiquant donc, à son grand damne, qu’il aurait un colocataire. Quoique, des deux, le plus à plaindre était sans doute le colocataire, qui allait se coltiner un mec cinglé qui se prend pour un vampire durant la nuit. S’il ne se retrouvait pas vidé de son sang au petit matin, c’est qu’il avait une sacrée chance celui-là… A cette simple idée, un sourire carnassier s’installa sur les lèvres du jeune homme…

Autre élément qui frappa desuite son regard : les trop grandes fenêtres qui décoraient le mur en face de la porte.
Le reste l’intéressait peu, et il jeta un bref regard à la salle de bain, sans y porter le moindre intérêt. Quand à la décoration, c’était, comme il s’y attendait, encore du blanc. Ca n’était de loin pas sa couleur préférée, mais il devrait bien s’y faire puisque c'était un hôpital.

Jetant un œil à sa valise, posée sur l’un des deux lits, celui qu’il allait occuper, il songea qu’il faudrait peut être déballer ses affaires. Autant le faire desuite, de toute façon, des affaires, il n’en avait pas des masses.
Lentement, il ouvrit donc le bagage, et commença à balancer pêle mêle ses affaires dans l’armoire qu’il s’attribua de droit. Il coinça ensuite sa valise vide dans un coin de la pièce où elle ne gênerait pas, avant de détacher sa cape, et de la déposer avec soin sur un des fauteuils libres, dévoilant ainsi les vêtements qu’il portait en dessous : sa chemise aux manches dentelées et son pantalon noir qui lui tombait sur le bassin tant il était trop large. Mais sydney ne semblait pas s’en formaliser/
Bien, maintenant il allait enfin pouvoir profiter de sa petite sieste, histoire d’être en forme pour la nuit…

D’un geste souple, il se laissa retomber sur le lit qu’il s‘était choisit, sur le dos. Doucement, il ferma les yeux, et deposa l’un de ses bras sur ceux-ci, comme pour se cacher de la lumière diurne. Avec ses vêtements noirs et sa chevelure sombre, ainsi allongé, c’était une vision assez sinistre pour qui entrerait dans la chambre.

Sydney bascula très rapidement dans un lourd sommeil. Mais c’était mal le connaître que de le croire ainsi exposé à tous les risques. Depuis bien longtemps le Syd avait appris à garder l’oreille à l’affut même en dormant. Ainsi, le moindre bruit suspect, le moindre geste trop brusque, et ses paupières se lèveraient, dévoilant son regard glacial qui fixerait l’intrus qui aurait pénétré sa chambre…

[Flemme de relire ]

Après avoir récupéré sa clé en douce, Tahoma s’aventura dans les méandres des couloirs de l’établissement, et repéra sans difficultés un escalier permettant d’accéder au premier étage. Une bonne chose si l’on considérait que le jeune homme venait justement de consulter un plan, indiquant que les chambres se situaient à l’étage supérieur.

Une fois les quelques marches gravies, Tahoma s’arrêta puis posa sa valise. Très délicatement, le jeune homme ôta le gant gauche, poussant un petit hurlement de douleur, avant de poser son regard sur le droit. Si son comparse n’avait pas été une partie de plaisir, le plus dur restait sûrement à faire puisque le poignet droit était beaucoup plus abîmé que le gauche. Tahoma soupira un grand coup, avant d’arracher brutalement le gant, lâchant un cri légèrement plus sonore que le précèdent. Pas de chance, quelques parcelles de sa peau avaient déjà accroché au cuir, et s’étaient à nouveau arrachées, accentuant la douleur.
L’américain, posa à nouveau sa bouche sur la blessure pour la lécher et en enlever le sang, avant de lever les yeux vers le couloir. Décidément, aujourd’hui, le jeune homme devait être dans son jour de chance, car, non content d’avoir échappé aux formalités, il se trouvait à présent juste devant la chambre une.

Rapidement, Tahoma reprit sa valise, avant d’actionner tout doucement la poignée de porte. Tout en la tenant, il jeta un petit coup d’œil à sa nouvelle demeure, non sans surprises. La première chose qui retint son attention fut la petite taille de la fenetre, qui ne donnaient pas une atmosphère des plus joyeuses à la pièce. Mais son œil droit fut rapidement retenu par autre chose… une cape noire posée sur une chaise. Etrange, c’était là la même que celle que portait la charmante personne qui l’avait accueillie. Jetant un autre coup d’œil, il aperçut une forme humaine, toute de noir vêtue, assoupie sur le lit. Il ne fallut qu’un instant à l’américain pour faire le lien, et comprendre qu’il s’agissait là de son cher ami… Décidément, si Sydney avait voulu semer Tahoma, c’était raté pour lui.

Le jeune homme referma très doucement la porte, prenant garde de ne pas faire le moindre bruit, avant de s’approcher du corps endormi. Il déposa sa valise sur le sol, très doucement, à quelques mètres du lit, et se pencha finalement au dessus de Sydney pour mieux l’observer. En effet, quelques instants auparavant, Tao n’avait pas réellement eu le loisir d’observer le visage de ce dernier, caché sous une fine capuche noire.
A présent, il pouvait contempler le teint livide de ce dernier, même si le visage était en partie caché par le bras de Syd. Tahoma resta planté ainsi quelques instants, un petit sourire collé aux lèvres, observant la moindre parcelle de peau que Syd avait laissé à l’air libre. Soudainement, le jeune homme ressentait un besoin qu’il n’avait pas ressentit depuis… bien longtemps, depuis son arrivée à l’hôpital et sa cure. A l’instant, l’américain s’était vu avec un petit scalpel à la main, déchirant avec soin la peau délicate de Sydney, pour en voir doucement s’écouler le sang, le voir crier, souffrir, laisser apparaître sur le visage de son colocataire une autre expression que celle de l’indifférence. Machinalement, sa respiration s’était faite plus forte alors que ces pensées se matérialisaient dans son esprit, et, sans s’en rendre compte, ses mains s’égarèrent à quelques centimètres de la gorge de Sydney, les doigts serrés et crispés, prêt à l’étrangler lentement pour le voir souffrir autant que lui-même avait souffert quelques instants auparavant. Après l’avoir légèrement étranglé, Tahoma pourrait sortir son petit scalpel de couteau suisse, et commencer le travail. Si Sydney était sage, le jeune homme pourrait même s’amuser à lui graver des dessins sur la peau, pour ensuite lui lécher le sang qui s’en écoulerait. Cela serait d’autant plus amusant que son colocataire semblait avoir un attrait pour le sang…

Mais soudainement, un petit bruit dans le couloir fit revenir le jeune homme à la réalité. Très rapidement, il retira ses mains toujours maculées de sang, et recula du lit de Sydney, prenant enfin conscience qu’il était sur le point de céder à nouveau à ses envies, ce qui risquerait de le faire revenir pour un petit moment dans sa cellule adorée.

A l’instant même où Tahoma s’était penché sur lui, Syd était sorti des méandres du sommeil pour reprendre contact avec la « douce réalité ». Néanmoins, il ne daigna pas soulever ses paupières pour arroser le nouvel arrivant de son regard brûlant et glacial à la fois, pas plus qu’il ne bougea d’ailleurs. Son bras resta rabattu sur ses yeux, et son corps allongé resta immobile. Son souffle était toujours aussi calme et profond que lorsqu’il dormait. En somme, absolument rien ne pouvait trahir son éveil. Il avait appris cela des années plus tôt, et usait beaucoup de ce stratagème pour chasser. Il était d’ailleurs partagé entre l’envie de rester ainsi, et de voir ce que ferait son nouveau colocataire, et celle de lui sauter par surprise dessus, comme le lion caché dans les broussailles qui bondit sur sa proie. Optant finalement pour la première solution, il attendit donc patiemment de savoir quelles seraient ses réactions. Il déduisit qu’il s’était penché sur lui en entendant son souffle se rapprocher. Sydney avait en effet l’ouïe très fine, encore un don développé grace à la chasse. Il resta de longues minutes ainsi à attendre, des minutes qui lui semblaient être une éternité. Pourtant il sentait toujours la présence près de lui. C’était l’instinct, comme les animaux, si l’on puit dire. Et bien que ses yeux soient toujours fermés, il devina, encore une fois à l’instinct, que les deux mains de son colocataire s’étaient dangereusement rapprochées de son cou. Mais il ne réagit pas pour autant, trop amusé par la situation –qui n’était d’ailleurs pas drôle…

Un petit bruit dans le couloir vint briser cette magnifique tension, et d’un geste quelque peu nerveux, Syd sentit la présence s’éloigner de lui. Peur d’être surpris ? Possible…
Il était peut être temps pour notre Beau au bois dormant de s’éveiller –sans baiser pour la peine- et de mettre fin à cette petite comédie. Il commença par ôter lentement son bras de son visage, s’étirant très lentement, comme un serpent qui se déroulerait lassivement de la proie qu’il vient de maitriser. Toujours avec les yeux clos, un petit sourire amusé naquit sur ses lèvres blanchâtres, tandis qu’il daignait enfin adresser un mot à son compagnon de chambrée.

« Toi on ne peut pas dire que tu donnes dans la discrétion »

commenta-t-il en faisant bien sur allusion à ce qui s’était passé avant. Soulevant alors avec une lenteur presque agaçante ses paupières, il tourna ses pupilles lugubres vers son colocataire.
Tiens ! Quelle surprise, voilà donc son grand ami du hall d’entrée. Sans que son visage ne trahisse la moindre surprise, son sourire se contenta simplement de s’agrandir.

« Tiens tiens tiens, le retour de L’homme aux mains écorchées »

marmonna-t-il d’une voix sifflante, plissant légèrement les yeux comme pour mieux analyser le jeune homme en face de lui. Toujours de cette même lenteur, il se releva du lit, pour s’approcher d’un pas trainant de Tahoma, le dominant à nouveau de sa haute taille, penchant la tête sur le côté comme s’il était plongé dans ses pensées.

« Je te manquais tant que ça ? »

murmura-t-il d’un ton provoquant, alors qu’un sourire mièvre (et la mort tue) à souhait venait remplacer son précédent petit rictus.
Laissant son regard vagabonder tranquillement jusqu’aux mains encore en sale état de Tahoma, il ajouta, d’un ton doucereux qui sentait l’hypocrisie à des kilomètres à la ronde :

« Tu sais que c’est très vilain de vouloir étrangler les gens pendant qu’ils dorment ? »

Bah oui, que le jeune homme sache d’immédiat à qui il avait à faire. Ne jamais chercher à faire du coup bas à Syd pendant son sommeil, le jeune homme veille toujours d’une oreille attentive, et le moindre faux pas suffit à le tirer de son sommeil, si lourd soit-il. L’instinct de survie des animaux sauvages, c’était exactement ça…
Il poussa un petit soupir faussement affligé.

« Mais bon, quite à le faire, fais le bien au moins, et la prochaine fois, arrange toi pour soigner tes pattes avant, je t’ai déjà dit que le sang et la chaire ça me répugnent »

Ouuuuh l’horrible mensonge. Mais Syd n’était pas dupe, et il savait pertinamment que Tahoma se doutait qu’il mentait. Il ne faisait d’ailleurs rien pour le cacher, comme en témoigna le petit sourire qui apparut au coin de ses lèvres…